Environ 735 millions de personnes souffrent de la faim à travers le monde et plus de 3 milliards n’arrivent pas à jouir d’une alimentation saine. Ce sont là les chiffres communiqués dans un rapport publié par 5 agences des Nations Unies, dont le Fond des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), en juillet 2023.
Nourrir la population mondiale devient un défi de plus en plus important, notamment dans les pays comme le nôtre où l’insécurité alimentaire bat son plein. Le projet d’éradiquer la faim d’ici 2030, entrepris par les Objectifs de Développement Durable semble encore très loin de se réaliser. Dans ce climat d’incertitudes et de vulnérabilité, l’agriculture urbaine se propose comme une solution efficace et pratique.
C’est quoi l’agriculture urbaine?
L’agriculture urbaine comme son nom l’indique consiste en la production de denrées alimentaires à l’intérieur ou à la périphérie des villes. Ces cultures se réalisent en pleine terre ou hors sol dans des espaces comme les toits, les balcons ou l’arrière-cour des maisons.
Elle concerne principalement des cultures ne nécessitant pas de grandes surfaces de production comme les maraîchères. Elle peut également inclure des activités d’élevage comme l’apiculture ou la cuniculture. Contrairement au jardinage, l’agriculture urbaine est une activité commerciale.
Les résultats à travers le monde
Depuis des décennies, cette forme d’agriculture gagne en popularité. Des sondage sinitiés par des instances comme la FAO montrent que dans les grandes villes comme Hong Kong, Paris ou Shanghai elle avoisine la moitié de la production agricole.
A cause de l’explosion démographique dans les milieux urbains , des troubles naturels et sociaux qui ralentissent les approvisionnements en nourriture des villes et le déclin incessant des ressources naturelles, la population urbaine se trouve aux prises à des difficultés énorme pour se nourrir. L’agriculture urbaine constitue donc une réponse immédiate à l’urgence de l’insécurité alimentaire et la pauvreté grandissante.
En plus d’être relativement accessible, l’agriculture urbaine fournit un rendement assez conséquent. Selon la FAO, une superficie de 1 mètre carré peut fournir 20 kg de nourriture.
Situation en Haïti
Les crises socioéconomiques qui ne cessent de miner le pays augmente de jour en jour là vulnérabilité des ménages face à l’insécurité alimentaire. Des organisations comme la FAO ont déjà préconisé la pratique de cette forme d’agriculture pour faire face à des catastrophes comme le séisme du 12 janvier 2010.
Elle 2021, elle a entrepris d’initier l’agriculture urbaine dans des villes comme Jérémie, Port-de-Paix, et Ouanaminthe en pourvoyant les moyens nécessaires à 3000 ménages se trouvant des situations précaires. Aujourd’hui, l’agriculture urbaine a gagné du terrain dans nos villes et beaucoup de citadins s’adonnent à cœur joie à cette activité, surtout les jeunes qui commencent à comprendre l’importance de produire sa nourriture dans un contexte d’insécurité et de sous alimentation.
Certaines personnes utilisent des pneus usagés pour faire pousser leurs légumes et des tubercules sur leurs toîts. Cependant, l’agriculture urbaine se fait à une très petite échelle et elle n’a pas encore une grande importance économique dans le pays, comme c’est le cas par exemple pour certains pays en Asie.
Pourquoi adopter l’agriculture urbaine?
De nombreux avantages font de l’agriculture urbaine une alternative intéressante pour contrer les affres de la pauvreté. Outre son rôle dans l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Elle diminue les coûts de production en réduisant l’effort commercial engendré par le stockage et le transport des produits agricoles.
Les consommateurs ont directement accès à des produits de bonne qualité à un meilleur prix. Même en constituant, la plupart du temps une activité partielle, l’agriculture urbaine se révèle être un complément de revenus pour un grand nombre de personnes à travers le monde; environ une centaine de millions selon les estimations relevées de la FAO.
Aussi elle permet de valoriser les déchets organiques générés par les ménages par le biais du compostage. Cette agriculture qui sert de point de ralliement entre les populations urbaines et les réalités agricoles peut aussi être utilisée pour éviter le gaspillage de nourriture provoqué généralement par les difficultés de stockage et de transport.
Une solution néanmoins partielle
En outre, il faut se rappeler que l’agriculture urbaine est une technique de survie des populations citadines qui peinent à trouver de la nourriture. Elle ne peut pas, à elle seule éradiquer tous les problèmes liés à la sécurité alimentaire dans les villes.
D’abord parce que toutes les denrées alimentaires ne peuvent pas être produites par cette forme d’agriculture et aussi parce que les moyens de production comme les semences, les engrais ou une eau de bonne qualité ne sont pas toujours à portée des habitants de la ville. Pour régulariser l’agriculture urbaine et lui permettre d’atteindre son plein potentiel, ne faudrait-il pas pour cela l’inclure dans les différentes politiques agricoles?
Références
